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26/08/2021 - Scouts pour la vie

À l'occasion du centenaire des Scouts et Guides de France et du cinquantenaire des Scouts unitaires de France, Le Pèlerin est parti à la rencontre de celles et ceux qui cultivent les valeurs issues de ces années d'engagement.

Le car transportant la troupe scoute La Panthère vient d'arriver sur la place de la mairie. Au milieu des malles, tentes et marmites qui s'étalent déjà sur le trottoir, les jeunes scouts et guides de France (SGDF) du groupe Saint-Pierre de Montrouge (Hauts-de-Seine) retrouvent leurs parents après deux semaines d'un camp pluvieux. Ils ont les joues rouges, l'air heureux et fatigué. Un parfum de feu de bois flotte dans l'air. De quoi réveiller de vieux souvenirs. « Ce que j'aimais le plus, c'était les veillées : inventer des scénarios, trouver les meilleurs déguisements », confie Tristan Ferroir, venu chercher sa fille. Que reste-t-il de ces moments une vingtaine d'années plus tard ? « Comme professeur, je m'en inspire encore pour animer mes cours », répond-il. Sa femme, Tiphaine, rencontrée lors du Jamboree1 de 1995, rebondit : « J'ai gardé de mes années scoutes le sens de l'engagement. » « Et moi le goût de la transmission ! » intervient Gillonne Rang des Adrets. Le sens de l'effort, la spiritualité, la sobriété… La plupart des anciens sont d'accord : plus qu'une simple aventure de jeunesse, le scoutisme est une école de vie forgeant des valeurs qui marquent toute l'existence.

L'optimisme en partage

Le travail reste un lieu privilégié pour mettre en acte, au quotidien, ces valeurs. Ancien louveteau, Philippe Pascal est délégué régional des Scouts unitaires de France (SUF) dans les Yvelines avec sa femme, et directeur général adjoint d'un groupe international. « Même adulte, la pédagogie scoute fonctionne », remarque-t-il. Avec ses collaborateurs, il passe par le jeu pour dénouer des situations de crise, et applique le « bon sens scout » qui fait souvent défaut… « Je m'efforce aussi de souligner l'effort, plus que le résultat. Lors des dialogues sociaux, je suis plus dans l'accompagnement et moins dans l'autorité, comme un grand frère qui montre le chemin. » Depuis le début de la crise sanitaire qui impacte lourdement son groupe, il se force à rester optimiste, selon l'esprit de Baden-Powell, le fondateur du scoutisme : « L'optimisme est une forme de courage qui donne confiance aux autres et mène au succès », cite-t-il. Dans le monde pro-fessionnel, les valeurs du scoutisme rassurent. « Même dans les milieux politiques », précise l'ancien inspecteur des finances publiques.

Au-delà du travail, le scoutisme laisse son empreinte dans toutes les sphères de la vie. Pauline de Germay, 39 ans, a prononcé sa promesse2 à 13 ans. « J'avais déjà l'impression de faire quelque chose qui allait marquer ma vie », se souvient la kinésithérapeute. Neuf ans plus tard, Pauline fait son départ3 à l'abbaye de Saint-Wan-drille (Seine-Maritime). « Là, j'ai réalisé comment tout ce que j'avais reçu de ces douze ans de scoutisme allait devenir la colonne verté-brale de ma vie. » Depuis trois ans, elle et son mari assistent l'encadrement d'un groupe SUF. Chaque été, ils emmènent leurs enfants camper en pleine nature, sur le lieu de leurs saints patrons. « Aujourd'hui, je veux vivre en cohérence avec ma foi et mes engagements scouts. Les deux pieds ancrés dans le sol et le regard vers le Christ. »

De son côté, Michel Albert, 93  ans, ne se souvient guère de sa promesse, qu'il prononce à la meute4 en 1936. Mais il peut évoquer la visite de Baden-Powell et sa femme à Versailles, raconter ses plus grandes aventures, réciter avec bonheur le nom des étoiles, des arbres et des animaux… « Tout cela enrichit la vie future, on ne peut pas l'oublier. » Après la guerre, il doit abandonner les scouts pour travailler, sans regret. « J'avais le sentiment que tout cela était un peu enfantin, dit-il. La vie, c'était autre chose que de chanter et d'aller patrouiller. » Aujourd'hui, il sait néanmoins que tout ce qu'il a pu faire dans sa vie prend racine dans le scoutisme. Sa passion, par exemple : « Aux scouts, j'ai joué le rôle d'une petite fille dans un théâtre versaillais. Dès lors, la scène est devenue ma seconde vie. J'ai joué et dirigé de nombreux rôles, imité, chanté, présenté des concerts… » Parmi ses six enfants, tous scouts, il en est un pour qui le scoutisme a eu un très grand écho : sa fille, Nathalie. À 53 ans, elle ne doute pas du rôle clé qu'a joué cette expérience dans ses choix. « J'ai d'abord été institutrice car je voulais servir et aider des jeunes à grandir, raconte-t-elle. Puis, en 2002, je suis devenue religieuse apostolique. » Mais c'est bien plus tôt, en 1985, au cours d'un camp itinérant avec les caravelles en Terre sainte qu'elle reçoit l'appel. « En contemplant Jérusalem depuis le mont des Oliviers, j'ai su que je voulais mettre mes pas dans la vie de Jésus. » Fidèle à sa promesse de jeannette qu'elle connaît encore par cœur : « Faire de mon mieux pour aimer Dieu, connaître mon pays… »

Rendre le monde meilleur

Scout de France à Chambéry, puis à Lyon, de 8 à 22 ans, Antoine Dulin a donné lui aussi un sens à sa vie lors de son dernier camp à l'étranger, en 2001. Parti au Gabon pendant un mois pour aider à la construction d'une école, il y restera deux ans. « J'ai été indigné par le pillage des élites et des puissances occidentales dans le pays, raconte-t-il. J'ai rédigé un rapport sur les biens mal acquis pour le CCFD-Terre solidaire, ma plus grande fierté. » De 2008 à 2015, en tant que responsable des SGDF, il développe le scoutisme dans les pays du Sud et auprès de jeunes défavorisés. Avec la devise « habiter autrement la planète », il porte l'écologie bien au-delà du mouvement. Aujourd'hui responsable au Conseil économique, social et envi-ronnemental (Cese) et conseiller social et solidarité à la métropole de Lyon, il participe à l'élaboration de politiques publiques en faveur de la jeunesse. « Fidèle à l'esprit de service à la base du scoutisme, j'essaye chaque jour de rendre le monde meilleur. » Aujourd'hui, le scoutisme fédère 60 millions de jeunes répartis dans 200 pays et des centaines de millions d'anciens scouts : autant d'alliés pour bâtir, demain, un monde plus juste.