10/05/2018 - Le scoutisme, une valeur sûre qui monte à Rennes
Les différentes branches du scoutisme rassemblent près de 3 000 enfants, adolescents et jeunes adultes en Ille-et-Vilaine, surtout dans le bassin rennais. Elles attirent de plus en plus de familles.Castor, hermine, mouette et panthère. Ce bestiaire hétéroclite n'est pas celui d'un parc animalier mais le nom de chacune des quatre patrouilles de la troupe 1re Rennes des Scouts d'Europe. Une institution locale qui a fêté ses 50 ans l'année dernière.
Paul Gueydier, 16 ans, est depuis deux ans le « CP », le chef de la patrouille de l'Hermine, qui compte sept autres garçons, âgés de 12 à 17 ans. « J'ai commencé le scoutisme à l'âge de neuf ans », explique le lycéen rennais.
Premiers pas aux scouts de Caen
C'est en Normandie, avec les scouts de Caen, un mouvement de scoutisme rattaché au diocèse de Bayeux-Lisieux, qu'il fait ses premiers pas de louveteau. Quand sa famille déménage à Rennes, en 2014, il rejoint les Guides et scouts d'Europe (AGSE), mouvement d'éducation populaire de scoutisme catholique, agréé par le ministère de la Jeunesse depuis 1970.
Qu'est ce qui lui plaît dans le scoutisme ? « Nous passons du temps entre garçons du même âge, dans la nature. On s'amuse beaucoup, on se fait des amis, on apprend à vivre avec les autres, explique Paul Gueydier. Et il y a une dimension spirituelle qui est primordiale. »
Le fameux « concu »
Plusieurs samedis ou dimanches dans l'année, parfois deux fois par mois, ou, plus exceptionnellement, sur la durée d'un week-end, le point de ralliement de Paul et de ses amis, c'est le local de la patrouille, dans le quartier de la Bellangerais.
Au programme ? Une journée de balade dans la nature, à pied ou à vélo, une quête pour une bonne oeuvre… Ou encore apprendre des chants, imaginer des jeux ou s'exercer au montage des installations du très attendu camp d'été, qui dure généralement deux semaines. Sans oublier le fameux « concu », le concours de cuisine, sans lequel un camp scouts n'aurait pas la même saveur.
« C'est au niveau de la patrouille que le scoutisme se vit vraiment. Il y a toujours des imprévus, mais nous apprenons à nous débrouiller. »
« De notre mieux, c'est la devise des louveteaux, les plus jeunes. Quand on fait sa montée chez les scouts, on est dans cette continuité, poursuit Paul, qui est attaché aux vertus du scoutisme. La franchise, le dévouement et la pureté. Ce n'est pas toujours facile à suivre, mais on essaye de tendre vers ces trois valeurs fondamentales. »
Renseignements: contact35@scouts-europe.org. Site internet : bretagne.agse.fr
Les scouts se reconnaissent aussi à la couleur de leur foulard. Lors des grands rassemblements, comme celui de la province de Bretagne et Pays de Loire qui a rassemblé plus de 3 000 scouts d'Europe à Sainte-Anne d'Auray, à l'automne dernier, les patrouilles aiment sortir les baussants (étendards) et les grandes bannières qui servent aussi lors des pèlerinages. En 2017, la troupe 1re Rennes des Scouts d'Europe a fêté le 55e anniversaire de sa création.
« Les effectifs de jeunes ont augmenté fortement »
Trois questions à…
Centenaire, le scoutisme attire toujours. Est-ce le cas pour les Scouts et guides de France ?
Oui. Pendant trois ans, de 2015 à 2018, les effectifs des jeunes ont fortement augmenté : 20 % de plus sur l'ensemble de nos deux premiers groupes : Rennes Saint-Hélier, qui couvre la partie sud de la ville, entre Sainte-Thérèse et Saint-Hélier ; et Rennes Saint-Vincent, qui couvre la partie nord, de Maurepas à Cesson-Sévigné.
Nous avons ouvert un troisième groupe sur le secteur de Cleunay, fin 2017. Aujourd'hui, les trois groupes rennais rassemblent 258 jeunes et 125 responsables. Ils étaient respectivement 199 et 51 en 2013-2014.
Si on ajoute ceux des groupes présents à Bruz, Le Rheu-Pacé, Châteaugiron, Liffré et Monfort-sur-Meu, c'est un total de 860 enfants et adultes pour le bassin rennais.
Comment expliquez-vous cette croissance ?
Pour 2017, la hausse significative des effectifs jeunes, notamment dans le groupe Saint-Vincent (plus de 200 jeunes aujourd'hui), résulte de la mise en place d'une proposition pour les enfants de 6-8 ans, de l'ouverture d'une unité 9-11 ans à Cleunay et aussi de l'attractivité du groupe marin, à Saint-Hélier.
Plus généralement, le succès du scoutisme, aujourd'hui, est sûrement lié, aussi, à de nouvelles attentes de la part des familles et des jeunes, qui recherchent des activités, mais pas forcément la compétition.
Il y a aussi l'attrait du retour à la nature.
Quel est le principal projet des prochaines années ?
Outre l'amélioration de nos offres et organisations, l'un des gros dossiers des scouts et guides de France à Rennes est l'opération « Brownsea », tirée du nom du premier camp de scouts organisé en Angleterre par Baden-Powell, le fondateur du scoutisme. L'idée est de permettre à un maximum de jeunes des quartiers défavorisés de vivre le scoutisme.
Pour les Scouts et guides de France, l'une des principales branches du scoutisme présentes à Rennes, les effectifs sont en forte hausse depuis trois ans.
« Fonder sa vie sur des bases solides »
Témoignage
Pierre-Hugues, 22 ans, étudiant en finance et membres des Scouts unitaires de France (SUF).
J'ai été louveteau, puis éclaireur, à Brest, avant de rejoindre Rennes où j'ai été routier, c'est-à-dire la branche masculine 17-25 ans chez les Scouts unitaires de France. À la rentrée 2017, j'ai rejoint l'équipe nationale Route, qui accompagne les routiers de toute la France et forme leurs chefs.
Louveteau, j'ai découvert l'essentiel de ce qui fait le scoutisme : le jeu et la nature. À 12 ans, je suis rentré chez les éclaireurs, où nous étions organisés en « patrouille », composée de six à sept adolescents de 12 à 17 ans.
J'ai appris qu'un jeune de 16 ans pouvait concourir au développement des plus jeunes dont il avait la charge, dans un esprit d'aventure, autour d'un imaginaire propre à cet âge (Napoléon, guerres d'indépendance, Rome antique…).
À 17 ans, j'ai rejoint les routiers, qui m'ont permis de découvrir que le scoutisme pouvait être vécu dans le monde, le tout à travers le service, en ayant une vie spirituelle nourrie et épanouissante, mais aussi en partant à l'aventure : marcher dans les montagnes de l'Ardèche ou voguer en Roumanie dans le delta du Danube.
Cela m'a permis de fonder ma vie quotidienne sur des bases solides, pour vivre en chrétien au XXIe siècle. À chacune de ces étapes, des jalons de progression m'ont accompagné : de la promesse prononcée à 8 ans, jusqu'au Départ routier, dernière étape de la progression. Je m'efforce de suivre au quotidien ces principes scouts qui me font encore grandir aujourd'hui : attention portée à autrui, sens de la nature, du service, de la citoyenneté, détachement matériel…»
Renseignements : www.scouts-unitaires.org Contact Ille-et-Vilaine : dr.hautebretagne@scouts-unitaires.org
Avant des examens cette semaine, Pierre-Hugues a participé au week-end des journées nationales SUF, près de Cahors (Lot).
Recueilli par P. S.
RENNES ACTU
Surtout du scoutisme catholique ?
S'il existe, dans l'agglomération rennaise, un mouvement de scouts laïques (les Éclaireuses et éclaireurs de France), et un mouvement d'origine protestante (les Éclaireuses et éclaireurs unionistes de France, 18 jeunes au total), les mouvements actifs les plus développés sont ceux issus du scoutisme catholique : Scouts et guides de France, Guides et scouts d'Europe, Scouts unitaires de France. Ces trois associations réunissent chacune environ 900 jeunes.
Le mouvement Europa Scouts, attaché spirituellement à la forme extraordinaire du rite romain (messe traditionnelle en latin), est également présent à Rennes. Pour le moment, il n'y a pas de groupes actifs de scouts musulmans, israëlites ou bouddhistes à Rennes.
Inspiré des idées de Baden-Powell, militaire britannique fondateur du scoutisme en 1907, le scoutisme apparaît en France trois ans plus tard, avec les Éclaireurs de France, suivis, en 1911, des Éclaireurs unionistes (protestants) et de quelques troupes catholiques.
Mais le scoutisme s'est essentiellement fédéré et développé en France à partir de 1920, notamment sous l'impulsion du père jésuite Jacques Sevin.
Comme les Scouts unitaires de France (photo), les effectifs les plus nombreux sont des mouvements issus du scoutisme catholique.Un choeur interscout à Rennes
Localement, les réunions « brassées » entre scouts de traditions différentes sont finalement assez rares, même si certains mouvements se rapprochent au niveau national.
Mais quelques occasions existent tout de même.
Ainsi, à Rennes, un choeur interscouts existe depuis cinq ans. Il est composé de vingt-cinq choristes issus de quatre mouvements : les Scouts unitaires de France (SUF), les Guides et scouts d'Europe (AGSE), les Scouts et guides de France (SGDF) et Europa Scouts.
Son concert annuel a été donné le 17 février, à la basilique Saint-Sauveur de Rennes. Le choeur interscouts chante aussi ponctuellement avec la chorale Exultemus, de l'aumônerie catholique des étudiants de Rennes, et la chorale étudiante Saint-François.
Contact : compte Facebook choeur interscouts de Rennes-Saint-Michel.