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15/02/2018 - Les Yvelines, département chéri du scoutisme

Chaque week-end, ils sont des centaines à quitter les villes pour arpenter les bois, vivre l'aventure loin du monde numérique, de la télé et des consoles de jeux. Le scoutisme cartonne dans les Yvelines. À tel point que le département est le premier en nombre d'inscrits. Voici les raisons du succès.


Hiver comme été, les enfants sortent, dans la nature, encadrés par des jeunes chefs ou cheftaines bénévoles.
Ce samedi de janvier ne donne pas vraiment envie de mettre le nez dehors. À peine 9°C au thermomètre. Lorsqu'il ne pleut pas, c'est le crachin qui laisse régulièrement sa place à de bonnes rafales glacées de vent. On rêve plutôt d'une cheminée, d'une couverture et d'un bouquin. On, ce n'est pas tout le monde. Encore moins les enfants et les adolescents qui se dirigent vers le parc du château de Versailles.
Les uns portent le béret, les autres sont tête nue quand ceux chapeautés du célèbre 4 bosses de Baden-Powell confirment ce qui se prépare. Les scouts sont de sortie, qu'il pleuve ou vente fort, comme le célèbre une de leurs chansons… Rien n'arrêtera notre effort.

« Plus de 15 000 scouts »

Versailles est loin d'être un cas unique dans les Yvelines, premier département français en nombre de scouts, tous mouvements confondus. On les trouve de Saint-Arnoult aux Mureaux en passant par Saint-Germain-en-Laye et Montfort l'Amaury. On en compte largement plus de 15 000.
Il fait donc froid à la grille de la Reine. Alors, pour se réchauffer, les cheftaines entament une danse de jungle. Elles sont appelées Akela, Baloo et Chill, comme dans le roman de Rudyard Kipling racontant Mowgli.

« Faire beaucoup avec pas grand-chose »

Ce samedi, ce ne sont pas des Petits d'hommes, mais plutôt des jeunes filles qui vont vivre l'aventure à leur niveau. On réfléchit à un axe d'effort pour la journée pendant le Rocher du conseil… Un court moment de réflexion et de discussion. Ce sera s'écouter les uns les autres. Tout le monde est d'accord ? « Oui Akela ! »clame la vingtaine de louvettes, d'une seule voix. Pas une minute à perdre… Les enfants enchaînent avec une autre danse pour se réchauffer puis un jeu faisant appel à la logique, à la déduction, à l'observation.

Entre deux postes, Blanche et Guillemette laissent éclater leur motivation de faire du scoutisme. « Froid ? Non. Pas du tout. On a même envie d'enlever les manteaux, mais Akela ne veut pas que l'on soit malade. Pourquoi on fait ça ? D'abord parce qu'on se retrouve entre amies. On prend l'air. On n'a pas nos frères et sœurs pour nous embêter. Et on n'a vraiment pas envie de pouillir (sic) toute la journée sur le canapé. » Comprenez pourrir.

Pas le temps d'en dire plus… L'heure du goûter a sonné. Cette fois, c'est la sizaine (le groupe : Ndlr) des bruns qui a apporté boisson chaude, boissons tout court et brioches. Le temps de partager la dernière galette des rois et on regagne le point de départ. À reculons, chacune retrouve les bras de ses parents. « C'était génial encore, lance Clémence à Chil. À dans 15 jours ! » La vérité sort de la bouche des enfants. À 9 ans, on ne peut donc que la croire. La petite louvette est ravie. « C'est ça le scoutisme. On réussit à faire beaucoup avec pas grand-chose. Beaucoup, c'est d'abord offrir de belles sorties aux enfants », plaide un responsable du mouvement qui nous a accueillis.
Les cheftaines, bénévoles, attendent patiemment jusqu'à l'arrivée des derniers parents. Et après, ce sera révision et boulot pour les études supérieures. Week-end chargé.


Scouts et Guides de France, l'éducation par l'aventure et le jeu


(c) Olivier Ouadah

« Mouvement catholique de jeunesse et d'éducation populaire, ouvert à tous, sans distinction de nationalité, de culture, d'origine sociale ou de croyance »
.
C'est ainsi que se définissent les Scouts et Guides de France (SGDF), mouvement que l'on retrouve dans 150 pays réunissant 50 millions de jeunes et d'adultes.
En France, ils sont 80 000 adhérents, dont 20 000 bénévoles. En 10 ans, les effectifs ont grimpé de 10 %. Le seul département des Yvelines totalise 1 100 bénévoles chargés d'encadrer 3 700 jeunes, d'administrer les groupes et les territoires, de gérer les listes d'attente et les projets. Régulièrement, les enfants se retrouvent pour camper en pleine nature.
On compte ainsi cinq territoires (655 à 1 225 adhérents chacun) depuis septembre, contre trois auparavant ; la taille du territoire longeant la Seine ayant nécessité une réorganisation. Les groupes SGDF sont localisés au nord et à l'est du département. Les habitants du sud Yvelines n'ont pas de groupe à proximité et le mouvement réfléchit à en ouvrir… À condition de trouver suffisamment de bénévoles !
Les Scouts et guides de France dans les Yvelines, c'est aussi un site : Jambville, centre national du mouvement. Au nord-ouest des Mureaux, les 52 ha ont été acquis en 1952 et accueillent souvent l'été des grands rassemblements, mais aussi des camps, des formations.

Des groupes mixtes
Leur projet éducatif - centré sur le jeu, l'aventure, le projet - se décline en quatre axes : construire sa personnalité (chaque jeune est unique, pas d'esprit de compétition…), vivre ensemble (chacun donne son point de vue…), éduquer des garçons et des filles (développement des personnalités, respect mutuel…), habiter autrement la planète (distinguer l'essentiel du superflu, vie dans la nature, week-ends campés…)
Chaque groupe est divisé en unités : farfadets (6-8 ans, polo vert), louveteaux-jeannettes (8-10  ans, chemise orange), scouts-guides (11-13 ans, chemise bleu), pionniers-caravelles (14-17), chemise rouge), compagnons (17-21), chemise vert foncé).
Contrairement aux autres mouvements, Guides et scouts d'Europe ou Scouts unitaires de France, les SGDF sont mixtes. Garçons et filles partagent donc les mêmes activités, une à deux fois par mois. L'année s'achève par un camp d'été, dont la durée varie entre une et trois semaines. Pauline de la Lande

Jambville, un site unique
Avant la Seconde Guerre mondiale, les Scouts de France utilisaient une propriété dans le sud parisien : Chamarande. Ce domaine a été vendu après la guerre et les scouts sont partis. Ils ont alors cherché une autre propriété avec un grand parc pour recevoir leurs camps écoles et leurs rassemblements.
Grâce à une souscription nationale, ils ont acquis cette propriété en 1952.
L'endroit, situé près des Mureaux, a pour vocation d'être un lieu d'accueil pour les groupes scouts, mais aussi pour les publics externes. Le mouvement a donc beaucoup investi, dès 2004, pour rénover les lieux : sanitaires, bureaux administratifs, façades du vieux château, grille d'honneur, Communs et Orangerie.
Cinq bâtiments sont répartis sur les 52 ha, permettant 260 couchages. On compte une trentaine de salles de réunion, deux lignes de self, trois réfectoires de cent places, deux chapelles et une église.
Tous les mercredis, et pendant les vacances scolaires, le Centre accueille le centre aéré de Jambville et de Brueil-en-Vexin.
En juillet 2012, 18  000 jeunes s'y étaient réunis pour un Jamboree, un grand camp. La 24édition se tiendra en juil-let/août 2019, aux Etats-Unis.


Les Suf du 78 talonnent Paris


(c) DR SUF

Dans les Yvelines, les Scouts unitaires de France ont 26 groupes qui représentent un effectif total de 3 991 personnes, de la jeannette au routier en passant par les chefs de groupe ; cela fait des Yvelines la 2région Suf après Paris qui compte 29 groupes et 5 240 adhérents ; la 3région SUF est la région Lyon-Clermont-Ferrand avec ses 2 594 SUF répartis dans 20 groupes.
Dans le département, les Suf sont regroupés en deux grandes entités  : Yvelines boucle de Seine et cœur d'Yvelines. Dans les deux, on dénombre 13 groupes.

« Devenir responsable »

Les SUF sont nés dans le courant des années 60, lorsque les Scouts de France ont réorganisé leurs effectifs. Ils ont scindé la tranche d'âge en deux : 12/14 ans et 15/17 ans. Certains chefs ont préféré conserver la branche dans sa globalité, de 12 à 17 ans.
Reprenant les paroles du philosophe Guy Coq, parlant de « tiers lieu »éducatif, les Unitaires veulent se situer entre les apports des parents et de l'école. « Nous avons l'ambition d'aider l'enfant, puis le jeune, à devenir libre, responsable, sain, utile et heureux. Le jeune doit se découvrir, prendre conscience de ses qualités, de ses faiblesses. »
Le mouvement est de confession catholique. Le baptême n'est cependant pas un prérequis pour l'intégrer. « Pour autant, cette question se posera forcément à un moment, dans la progression de l'enfant, lorsque va arriver le moment de sa promesse qui est aussi un engagement dans la foi », détaille Bruno Chambriard, délégué régional pour les Yvelines.
Concrètement, les Unitaires sont plus proches des Scouts d'Europe dans la pédagogie, celle du « grand frère ou de la grande sœur qui prend la responsabilité du plus jeune ». Les tranches d'âge sont similaires.
Un cousin proche donc, mais sans être un clone puisque la branche des filles, uniquement les jeannettes, s'inspire d'une autre pédagogie, liée à l'enfance de Jeanne-d'Arc, leur sainte patronne.
Les scouts de la 101e Versailles apprennent à lire une carte, à s'orienter.

Pas de concurrence
Comme pour les autres mouvements, l'encadrement est fait par des bénévoles, par des chefs et cheftaines formés. « Et comme tous les autres mouvements, nous sommes confrontés à cette difficulté de les recruter pour s'occuper des enfants. Des enfants qui sont toujours plus nombreux à vouloir être inscrits, analyse Bruno Chambriard. Les trois mouvements, France, Europe et Suf grandissent toujours plus. Mais le tout se fait sans concurrence. Ce n'est pas notre objectif. Nous souhaitons chacun offrir aux parents des pédagogies différentes. Il faut que chaque famille puisse être à l'aise avec ce que nous proposons. Voilà notre état d'esprit. »
Victime de son succès ? Non. Le mouvement conçoit très bien cet engouement en région parisienne, cette volonté que les parents aient envie d'offrir des aventures à leurs enfants. « Et il faut bien l'admettre, nous avons beaucoup d'inscrits dans des villes où se trouvent souvent des familles nombreuses, comme Versailles. Il y a une sociologie. Maintenant, ce n'est pas une constante ni une idée à graver dans le marbre. Car nous existons dans des communes moins importantes, plus rurales. »


Scouts d'Europe, les plus nombreux dans les Yvelines


(c) Xavier de Monneron

En France, les Guides et Scouts d'Europe sont plus de 32 000. Les Yvelines représentent à lui seul 6 000 inscrits, en faisant le département le plus important pour le mouvement. La seule ville de Versailles compte près de 3 000 louveteaux, louvettes, guides, scouts, aînés et chefs.
Pour adhérer à l'association, quelques conditions sont requises. La première est d'avoir 8 ans révolus. La deuxième est d'être fidèle à son engagement en assistant à toutes les sorties durant l'année. La troisième, et probablement la plus importante, concerne la religion. « Chez nous, l'éducation chrétienne est une priorité, que l'on soit pratiquant ou non. Il faut donc être baptisé ou avoir engagé une démarche pour être baptisé », détaille Xavier de Monneron, assistant au commissaire de province (l'équivalent du département : Ndlr), chargé de la communication.
La particularité des Europe est de proposer des activités différenciées pour les garçons et les filles. Les plus jeunes, entre 8 et 12 ans, bénéficient d'une pédagogie basée sur le Livre de la jungle.
Les plus grands, scouts et guides, vivent des aventures à la Baden-Powell, le fondateur du scoutisme. Ils sont soit en troupe, soit en patrouille, des petits groupes de 6 à 8 jeunes sous l'autorité d'un chef de patrouille généralement âgé de 16 ou 17 ans.
Les sorties en troupe permettent aux garçons d'explorer leur territoire. (Xavier de Monneron)
À l'entrée de l'âge adulte, ceux qui poursuivent deviennent routiers ou guides aînées. Un temps qui leur permet de réfléchir, prendre du recul mais aussi se mettre au service des autres. Ils peuvent ensuite prendre des responsabilités de chefs bénévoles.

« Une école d'ouverture et de liberté »

Aujourd'hui, les Scouts d'Europe connaissent une croissance constante. Pour le mouvement, cela est du à « cette proposition unique qui lie loisirs et éducation en pleine nature. Cela plaît aux parents qui nous confient leurs enfants et qui estiment que cela est un bon complément dans leur propre éducation. Ils savent que le scoutisme est une école d'ouverture et de liberté, une école qui œuvrera au déve-loppement personnel par le dépassement de soir, le jeu, l'aventure ! »

Les Europe sont reconnaissables à leur uniforme à dominante de couleur bleue. « Tout le monde a le même. C'est un avantage qui place chacun au même rang. Il n'y a pas d'histoire de vêtement de marque, de qualité. Cela contribue positivement à l'accueil des enfants. Il permet à chacun de reconnaître facilement la fonction de l'autre, grâce à ses écussons. D'un coup d'œil un plus jeune peut voir si un aîné est plus doué dans une compétence. Il sait immédiatement qu'il peut compter sur lui pour l'aider », détaille Xavier de Monneron.

« Nos jeunes sont fidèles et moteurs »

Reste une image qui a longtemps collé au mouvement, celle d'un groupe traditionaliste. « Les préjugés sont tombés car les gens se sont rendu compte que nous étions ceux qu'ils peuvent croiser tous les jours. Nous avons aussi travaillé sur notre manière de communiquer et notre présence dans la cité. Nous participons souvent aux journées des associations, aux événements municipaux et paroissiaux, aux commémorations. Le grand public nous voit et nous apprécie ! »
Comme leurs homologues, les Scouts d'Europe profitent d'un réel engouement pour le scoutisme. Il faut parfois s'y prendre deux ans à l'avance pour être assuré d'une inscription. En parallèle, ils souffrent d'un manque de chefs. Bénévoles, pris dans leurs études, parfois obligés de partir en province ou à l'étranger, ils n'ont pas toujours le temps d'encadrer des enfants. « C'est toujours LE problème de la rentrée. Et nous trouvons toujours une solution. Nos jeunes sont fidèles et moteurs. Ils savent lever le doigt quand ils arrivent dans une autre province pour se proposer. C'est aussi notre force ! »

Tous scouts, tous bénévoles ! Solène et Thomas : un couple engagé

(c) DR SUF

Thomas et Solène Georgeon ont accepté de devenir chef et cheftaine de groupe pour les Suf.
Entre Solène et Thomas Georgeon, le scoutisme est une affaire de cœur. Tous deux l'ont été dans leur enfance. C'est là qu'ils se sont rencontrés puis fiancés. Aujourd'hui, ils sont mariés et ont trois enfants. Ils ont aussi accepté, en couple, de prendre la responsabilité du groupe Guy-de-Larigaudie des Scouts unitaires de France (Suf), à Versailles.
Et ce n'est pas une mince affaire puisqu'ils sont responsables de 200 enfants et d'une quarantaine de chefs et cheftaines. Il faut compter sur une présence permanente les week-ends lors des sorties, les visites de camp l'été (2 400 km l'an dernier), le téléphone allumé nuit et jour en cas de problème… Bref, un véritable sacerdoce. Pourtant, le couple préfère parler service et épanouissement, sans même songer à la notion de bénévolat. Car oui, Solène et Thomas font tout cela à titre gracieux. C'est d'ailleurs le thème de l'année des Suf : « Donne ce que tu as, c'est l'essentiel »

« Cela nous plaisait bien »

« Le mouvement nous a demandé de prendre la responsabilité de chef et cheftaine de groupe. Chez les SUF, cet engagement dure trois ans et doit se faire en couple. Cela nous plaisait bien. Nous en sommes à la moitié. »
Solène et Thomas ont accepté, non pour rendre tout ce que le mouvement leur avait apporté dans leur jeunesse. Chez les scouts, on ne parle pas de dette.
Après une pause pour construire les bases de leur vie de famille, ils ont remis le foulard autour du cou, dans une forme de continuité. « Nous transmettons beaucoup aux chefs que nous encadrons, notamment lorsque nous les recevons chez nous, environ tous les mois et demi. Nous échangeons autour du scoutisme mais aussi d'autres thèmes sur la foi avec notre super aumônier, la vie sociale, de couple ou juste pour passer une soirée de détente. Eux nous apportent énormément, nous rappelant la force de l'engagement, l'importance d'être au service des autres. Tout cela n'est que la suite logique et naturelle des choses, de notre vie. »

Un scoutisme à l'état brut
Et de poursuivre : « Nous formons une véritable communauté, ouverte sur la société. La clé de la réussite est d'anticiper, comme pour le remplacement des chefs d'une année à l'autre. Et pour ceux qui sont en activité, il faut leur montrer que nous sommes présents et que nous les aiderons à faire du bon scoutisme, quelles que soient les forces et faiblesses de chacun. »
Le plus difficile demeurant, après quelques années de pause, de retourner dormir sous la tente lorsqu'il pleut ou que le froid attaque. « Cela nous rappelle des souvenirs et en construit d'autres. Et puis, cela nous offre des moments de grâce pendant lesquels les barrières tombent. Nous vivons en même temps, un scoutisme à l'état brut. »


La présidente des Europe est chesnaysienne


(c) DR 

Claire Verdier habite au Chesnay. Elle est mère de 9 enfants. Tous pratiquent ou ont pratiqué le scoutisme dès leur plus tendre enfance. Comme leur mère, comme leur père. Bref, la famille baigne dans le scoutisme. Voilà 5 ans, Claire Verdier a été élue présidente de l'Association des guides et scouts d'Europe (AGSE), régie par la loi de 1901. Une charge importante que la mère de famille supporte bien volontiers, car cela lui permet aussi de « redonner un peu »de tout ce qu'elle a reçu dans ses plus jeunes années.

Garante de la bonne marche des choses
Claire Verdier doit veiller à tout ce qui ne se voit pas mais qui permet au mouvement de durer dans le temps. « J'ai un rôle important à exercer dans les relations avec les autorités civiles et religieuses, avec les autres mouvements scouts, d'autres associations avec lesquelles nous travaillons, comme l'Ordre de Malte, les AFC (Associations familiales catholiques). Mais aussi auprès de l'Union fédérale, car nous sommes un mouvement européen. Il ne faut pas l'oublier. Je suis garante de la bonne marche des choses, que la pédagogie choisie soit correctement appliquée. On me demanderait des comptes si cela changeait du jour au lendemain. Mon action est un peu administrative mais cela ne m'empêche pas de retourner régulièrement sur le terrain. »

« Le fil directeur de toute ma vie »

Là, Claire Verdier remet son uniforme, son foulard bleu. «  J'aime beaucoup voir comment fonctionnent les unités, constater le fruit du travail de tout le bureau de l'association. Cela permet aussi de prendre le pouls des choses. Je ne sais pas si je pensais rester aussi longtemps en faisant ma première sortie de louvette… Ce dont je suis certaine, en revanche, c'est que le scoutisme a été le fil directeur de toute ma vie. On s'en rend vite compte. C'est probablement pour cela aussi que le scoutisme marche toujours aussi bien. On y retrouve des valeurs, un vrai retour à la nature, à du concret, à une certaine forme de simplicité. On y crée des amitiés longues et fidèles. »


Eric Germain reçoit plus encore qu'il ne donne


Délégué territorial au sein des Scouts et Guides de France (SGDF), Éric Germain s'enrichit des contacts avec les jeunes adultes, dans une mission qui continue de l'émerveiller…
En posant ses godillots de louveteau dans le scoutisme, Éric Germain n'imaginait pas s'y épanouir encore près de 40 ans plus tard, même s'il a changé de mouvement. Ses parents l'avaient inscrit pour qu'il s'ouvre à « autre chose que l'école ou le caté »et il y a trouvé « le concret, la responsabilité. »D'inoubliables moments aussi.
Trouvant normal de donner à son tour, il fut chef durant 5 ans, a rangé chemise et foulard pour revenir 15 ans plus tard au sein des SGDF, renforcer l'équipe de groupe de Marly-le-Roi de ses quatre enfants. Dans sa neuvième année en indigo, couleur des responsables, il est depuis 5 mois délégué territorial de « Vallée des Impressionnistes » - territoire de six groupes, un millier d'adhérents dont 200 bénévoles - issu de la réorganisation de la vallée de la Seine.
Dans chaque mission, Éric a trouvé les « contacts directs enrichissants », que ce soit pour participer à la gestion d'un groupe, recruter ou accompagner un chef ou administrer le territoire. Pour lui, « la vie d'équipe est importante. »Les problèmes n'altèrent pas sa motivation tandis que son charisme et sa soif de transmettre l'ont conduit à être formateur au sein du mouvement. Tout est question d'organisation car, contraint de voyager souvent pour son travail, il reste tou-jours connecté avec son territoire auquel il avoue consacrer « 4 heures par semaine en moyenne. »
Le scoutisme n'est « pas une activité mais un engagement, et ce n'est pas à la carte. Il ne faut pas être trop douillet. Mais cela permet de rester sur l'essentiel. »

Rentrer de camp, des étoiles dans les yeux
Il se reconnaît dans la pédagogie inventive, y puise des valeurs qui l'accompagnent dans sa vie professionnelle, loue les vertus du dialogue sans agressivité et admet utiliser dans son travail « la méthode riche »qui permet aux 17-21 ans de monter un projet en 18 mois. Il aime ce scoutisme ouvert « Les jeunes sont comme ils sont et il faut les accepter tels qu'ils sont. En se mettant des barrières, on les refuse, ce qui ne se fait pas dans le scoutisme. »À ses yeux, les SGDF ont « une pédagogie riche, moderne, qui permet aux jeunes de devenir des citoyens ayant un regard sur le monde. »
Aujourd'hui encore, il s'émerveille d'assister aux retours de camps, « voir les jeunes sales, grandis, fatigués, avec un sac souvent plus grand qu'eux… et des étoiles dans les yeux. C'est le moment le plus beau, l'aboutissement d'une année. 
Aux mauvais moments, « le manque de confiance ou de dialogue avec un chef… même si ça n'arrive pas souvent », il préfère « les jeunes responsables qui nous font rêver. »Mentionner son passé scout sur un CV est un bonus à ses yeux. Tout comme la formation proposée au sein du mouvement peut être « un vrai argument de vente pour les chefs », toujours difficiles à recruter.
Éric Germain sait que son engagement n'est « pas inscrit dans la durée. »Quand il raccrochera chemise et foulard pour de bon, ce ne sera pas pour regarder pousser les fleurs sur son balcon, mais pour s'investir ailleurs et autrement. Continuer « de donner et recevoir »parce qu'il juge « normal de s'engager dans la vie de la société »
(Pauline de la Lande)


Les multiples raisons d'un succès

Mais comment expliquer la raison d'un tel succès du scoutisme dans les Yvelines ? Certains avanceront des motifs sociaux, des villes où les familles nombreuses sont justement nombreuses. On peut alors enfoncer les portes ouvertes : que des catholiques. Oui, il y en a. Mais tous les mouvements ne sont pas religieux. Cela ne les empêche pas de fonctionner.
D'autres évoqueront une sorte de tradition. Le père et/ ou la mère ont fait du scoutisme. Les enfants marchent dans leurs pas. D'autres encore évoqueront la physionomie du département : des bois, des forêts, des grandes propriétés qui acceptent volontiers qu'on plante une tente dans un recoin.

« C'est un projet de vie »

Une valeur refuge ? À l'époque du tout connecté, tous les parents ne veulent pas se battre à longueur de week-end pour faire décrocher les jeunes de leur smart-phone. « Alors autant qu'ils sortent, se fassent de nou-veaux amis. Le scoutisme est une bonne base pour leur épanouissement, l'apprentissage de la vie en groupe, le respect mutuel », affirme une maman.
Un chef confirme. « Le scoutisme permet à l'enfant de s'épanouir physiquement par de l'activité, mentalement lorsqu'il faut réfléchir pour s'orienter, construire, résoudre une difficulté. Il permet d'apprendre le sens des responsabilités, d'en accepter progressivement. Il élève l'âme pour les mouvements qui ont une confession. Ce n'est pas une activité comme les autres, mais un projet de vie. C'est une activité saine qui donne des femmes et des hommes biens dans leur corps, leur tête et notre société. Voilà. C'est tout cela qui plaît aux parents et aux enfants. »
Alors, un complément à l'éducation ? L'aventure aux portes de chez soi ? Pourquoi pas une combinaison du tout. Cela semblerait honnête. 



Un homme est à l'origine de tout

Tout le monde le sait. Le scoutisme a été inventé par Robert Baden-Powell, un officier anglais dont la carrière prenait fin. Marqué par la jeunesse désœuvrée, il décide de s'occuper d'elle. Il veut mettre ses talents de meneur d'hommes mais au service de la paix. C'est en 1907 qu'il organise le premier camp, pendant 15 jours, avec une vingtaine de garçons sur l'île de Brownsea. Un noble anglais, Sir William Smith, lui demandera d'écrire un ouvrage. Il posera la base du scoutisme avec cinq buts : santé, sens du concret, personnalité, service et sens de Dieu. Il en découlera dix articles de la loi scoute, la promesse qui invite chaque enfant à faire de son mieux. Le concept évolue et s'ouvre aux jeunes filles en 1909. Le mouvement prend rapidement beaucoup d'ampleur, réunissant pour la première fois des scouts de 21 pays en un seul camp, le Jamboree, en 1920. En 1927, Baden-Powell sera anobli par le roi George V. Il meurt en 1941, à 83 ans, au Kenya.  Aujourd'hui, on compterait plus de 40 millions de scouts dans le monde.


Les autres mouvements

Les Eclaireurs et éclaireuses uniosites de France.
Il s'agit d'un mouvement protestant ouvert à tous. On les trouve à Rambouillet, S- Quentin, Versailles, Vélizy-Villacoublay, Marly-le-Roi, Poissy ou encore Saint-Germain et Mantes-la-Jolie. Ils comptent 6 000 adhérents dans toute la France.

Les Eclaireuses et éclaireurs israélites de France.
On les trouve à Versailles. Ils comptent 4 000 adhérents dans toute la France.

Les Scouts musulmans de France.
Ils possèdent un groupe nommé Azimut Yvelines. Ils comptent près de 3 100 adhérents dans toute la France. Les Eclaireurs neutres de France.
Ils sont basés à Versailles. Ils comptent près de 3 500 adhérents. Ils regroupent les Europa Scouts, les Scouts Saint-Louis et les Scouts et Guides de Riaumont, proches de la Fraternité Saint-Pierre.


Parlez-vous scout ?

Le 4 bosses :
Il s'agit du chapeau que portait Baden-Powell. On le représente toujours avec. On le surnomme ainsi à cause des quatre bosses formées sur le dessus. Il peut être kaki ou bleu marine. Il est en feutre.

Le staff :
Il s'agit d'un bâton porté par le chef de la patrouille (groupe de 7 personnes). On y retrouve son emblème sous la forme d'un fanion. Il s'agit généralement d'un animal.

Le salut scout :
Il se fait en levant la main droite : index, majeur et annulaire levés. Le pouce est sur le petit doigt, symbole du plus fort qui protège le plus faible. Selon les mouvements, les trois doigts levés représentent : la loyauté, le service et l'observation de la loi scoute ; la franchise, le dévouement et la pureté (chez les catholiques) ; le peuple, l'enseignement et la terre d'Israël (chez les Israëlites).

La devise :
Toujours prêt. Elle invite les scouts à toujours être en état d'agir physiquement et moralement. C'est la devise originelle.

Auteur : F. Desserre.