Scouts Unitaires de France Scouts Unitaires de France

Retour à la liste des articles de presse

21/02/2017 - Le scoutisme fait toujours recette auprès des jeunes

Religieux ou laïque, de France ou d’Europe, traditionnel ou non, le scoutisme français présente un spectre large de pédagogies différentes pour s’adapter à chacun. Tour d’horizon, à l’occasion de la journée mondiale du scoutisme.



Difficile de s’y retrouver dans le large panorama du scoutisme français. Entre les scouts religieux et les laïques, entre les mouvements centenaires ou les plus récents, il existe des associations de scoutisme pour tous les profils. Créé au début du XXème siècle par Robert Baden-Powell, un anglican major général de l’armée anglaise, le scoutisme se développe dès 1911 en France. Son objectif, d’après la fédération du scoutisme européen: «L’épanouissement des enfants et des adolescents par le jeu et l’aventure dans la nature et la prise de responsabilités au sein du groupe». Dès l’origine et jusqu’à aujourd’hui, en France, il a dû épouser les diversités culturelles et religieuses du pays en se divisant en différentes associations.

Entre 1911 et 1923, sept branches scouts se dessinent en effet en France: en premier lieu une protestante, les Éclaireurs unionistes (EU), et deux laïques regroupées aujourd’hui sous le nom d’Éclaireuses et éclaireurs de France. «Les catholiques ne voyaient pas d’un très bon œil le mouvement à ses débuts, détaille Elsa Bouneau, la présidente du scoutisme français. L’Église souhaitait surtout former ses jeunes en interne, pas à travers des mouvements auxiliaires».


Le scoutisme et ses schismes

Devant le succès du mouvement, deux associations catholiques verront pourtant le jour dès les années 1920 sous les noms de Scouts de France et Guides de France, puis un mouvement juif en 1923 (les Éclaireurs israélites de France). D’autres mouvements, comme les Scouts musulmans de France en 1990, furent créés ensuite. Quelques très gros mouvements non affiliés à la fédération du scoutisme français sont venus se rajouter à ceux-ci à la suite de schismes idéologiques.

« Certains font un peu n’importe quoi et sont très folkloriques »Elsa Bouneau, présidente du scoutisme français

En 1958, les Guides et scouts d’Europe font leur apparition, en se basant sur une pédagogie catholique plus marquée et un retour aux sources de la pédagogie de Baden-Powell. En 1971, les Scouts unitaires de France (SUF) voient le jour. À cette époque, ils protestaient contre la division des «équipes» scouts en deux classes d’âge chez les guides et scouts de France: les 11-14 ans étaient depuis quelques années séparés des 14-17 ans. Leur nom, «unitaire», provient d’ailleurs de ce désir d’unité au sein des équipes. En tout, dix associations sont agréées par le ministère de la Ville, de la Jeunesse et du sport.

Dans le monde entier, l’organisation mondiale du mouvement scout revendique quarante millions de membres, principalement des musulmans (près de sept millions de scouts rien qu’en Indonésie contre 1,7 million en Europe!). En France, «on estime à 170.000 le nombre de scouts dans les dix associations agréées par l’état, précise encore Elsa Bouneau. Mais il existe une centaine d’associations dans notre pays qui possèdent le nom «scout». S’il s’agit souvent de très petits groupes, il est toutefois difficile de chiffrer le nombre de jeunes dans ces mouvements à la marge. Certaines font un peu n’importe quoi et sont très folkloriques. Pour nous, ce n’est pas du scoutisme».


75% de scouts catholiques en France

Une dizaine de mouvements sérieux cohabitent donc en France, représentant toutes les mouvances spirituelles majeures dans le pays. «Les plus importantes en nombre sont les Scouts et guides de France (70.000 membres, +30% en dix ans), les Guides et scouts d’Europe (32.000, +30% en quinze ans) et les Scouts unitaires de France (27.000, +3 à 5%/an depuis quinze ans)» conclut Elsa Bouneau, soit trois associations catholiques, pour 75% des effectifs.

Malgré cette grande majorité de mouvements chrétiens, François Mandil, délégué national des Scouts et guides de France, tient à désamorcer les accusations de prosélytisme ou de conservatisme parfois proférées contre le mouvement: «Nous sommes un mouvement catholique, certes, mais absolument ouvert à tout le monde. On accueille toutes les religions, tous les courants de pensées. Notre catholicisme ne se résume pas à une question de pratiques religieuses, qui ne sont pas obligatoires chez nous, mais plutôt d’une mise au service de nos jeunes par rapport au monde qui les entoure.»

« Chez nous, les temps de prières sont obligatoires! »Laurent Garnier, responsable de la communication des Guides et scouts d’Europe

Comme le confirme Elsa Bouneau, «le scoutisme est basé depuis ses origines sur un rapport à Dieu, certes, mais à un Dieu générique, que chacun estime comme il veut. Selon moi, le scoutisme ne doit pas être un lieu d’apprentissage de la religion, on n’est pas là pour devenir un bon petit catholique!» Une vision que ne partage pas vraiment Laurent Garnier, responsable de la communication des Guides et scouts d’Europe. «Chez nous, les temps de prières sont obligatoires, précise-t-il. On est très clair là dessus, c’est un mouvement catholique pratiquant.»


Quelques dérapages, mais pas «un truc de brutes»

Autre accusation récurrente contre le scoutisme: l’aspect un peu brutal, parfois à la limite du paramilitaire ou des franges d’extrême droite. «Je suis un ancien militaire, je sais que c’est un métier, tempère Laurent Garnier. Le scoutisme, ce ne sont pas des petits càcous avec des crânes rasés qui jouent aux chefs, ce sont des jeunes qui doivent apprendre à se mettre au service de leur prochain. Notre uniforme n’est pas militaire, c’est avant tout un symbole de ce qu’est le scoutisme: nous sommes tous au même niveau.» L’homme reconnaît pourtant quelques dérapages. «On sait qu’il y a des unités délicates. Quand nous avons un doute, nous envoyons nos commissaires sur place et on n’hésite pas à expulser un chef s’il est jugé trop dur.»

Chez les guides et scouts de France, on abonde en ce sens: «Ce n’est surtout pas un truc de brutes. Artistes, sportifs, créatifs... Tout le monde s’y retrouve. Notre association a parfois été jugée laxiste parce que nous sommes un mouvement mixte qui propose plus qu’il n’impose ou parce que nous autorisons des coins fumeurs très surveillés. Mais ce sont des débats qui traversent tous les courants de la société, et nous mettons un point d’orgue à être résolument ouverts sur le monde extérieur.»

« Nous souhaitons reconnecter nos jeunes à la nature »Pierre Lançon, vice-président des Éclaireuses et éclaireurs de la nature


Des scouts d’inspiration bouddhiste

Chez les Eclaireuses et éclaireurs de la nature, quelques drapeaux tibétains surplombent la foule.© Eclaireurs de la Nature

Très loin de cette idée de scoutisme «à la dure», un petit mouvement de 500 Éclaireuses et éclaireurs de la nature, d’inspiration bouddhiste, fêtera ses dix ans au mois de mai. C’est le dernier à avoir rejoint la fédération du scoutisme français. «Nous souhaitons reconnecter nos jeunes à la nature à travers quelques exercices quotidiens de méditation pleine conscience, explique son vice-président Pierre Lançon. Nous les faisons écouter la nature ou essayer de reconnaître les arbres au toucher. On ne parle jamais de Bouddha ou du bouddhisme, c’est juste une inspiration pour relier les jeunes au monde extérieur. À part ces quelques minutes dans la journée, nous avons un quotidien semblable à tous les scouts de France!»

Bouddhistes, musulmans, catholiques, juifs.. Les possibilités sont infinies. «C’est ce qui fait la richesse de ce mouvement, conclut François Mandil. Il faut de tout pour que chaque jeune puisse choisir selon ses affinités.» Pour Laurent Garnier: «Nous avons tous un ADN commun, celui de jeunes qui se retrouvent, s’amusent et se découvrent à travers l’immersion dans la nature. Pour le reste, les courants de pensée ont évolué, et les pédagogies avec.» La meilleure réponse à ces questions de divergences idéologiques, c’est encore Elsa Bouneau qui la donne: «Nous avons vraiment intérêt à tous marcher main dans la main, parce que quand un mouvement dérape, c’est tout le scoutisme qui en pâtit».


Les dix associations scouts reconnues par le ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports:

Au sein de la fédération du scoutisme français, par ordre de création:

  • Les Eclaireuses et éclaireurs de France
  • Les Eclaireuses et éclaireurs unionistes de France
  • Les Scouts et guides de France
  • Les Eclaireuses et éclaireurs israélites de France
  • Les scouts musulmans de France
  • Les Eclaireuses et éclaireurs de la nature

En dehors de la fédération, par ordre de création:

  • Les Guides et scouts d’Europe (regroupant maintenant les Eclaireurs neutre de France et la Fédération des éclaireuses et des éclaireurs)
  • Les Scouts unitaires de France

 

Source : Le Figaro étudiant